De vendeur à scénariste_Découvrez le portrait de David Villemin

David était démonstrateur au BHV Marais depuis 10 ans quand il décide de "changer de vie" et de suivre des cours de cinéma. A 34 ans il retourne sur les bancs de l'école et intègre la 3ème année du CLCF en spécialisation Assistant réalisation. Aujourd’hui il vit au Maroc et tente de ne faire que du scénario.

Pourquoi avoir intégré le CLCF ?

Dans un sens je n’ai pas eu le choix. Le CLCF était le seul établissement diplômant reconnu par l’état, et donc qui me permettait de faire mon Fongecif : j'ai donc choisi de suivre la spécialisation Assistant réalisation. Cela faisait plusieurs années que je suivais déjà des cours d’écriture de scénario via une association. 

Ce hasard s’est surtout transformé en une énorme opportunité pour moi !
J’avais, plus que l’envie, mais le courage de changer de vie…

Comment était l’ambiance au sein du CLCF en 2009 ?

J’ai peur de ne pas être objectif… Retourner à l’école à 34 ans c’est déjà une aventure en soit, mais retourner à l’école avec l’envie d’y aller tous les matins c’était quelque chose d’inédit.
Personnellement j’étais conscient de cette chance, et j’en ai profité. Avec le recul on regrette toujours ses années lycées ou fac, et moi j’avais l’occasion de revivre ça, de me retrouver à 20 ans une nouvelle fois.

Mais le CLCF a ce petit truc familial en plus qui personnellement m’a beaucoup aidé à m’intégrer, et à faire passer cette pression personnelle que je m’étais mis en quittant mon travail, et en changeant d’univers.
Je pense que c’est cette proximité avec les professeurs et les encadrants que je retiens le plus.

Quel bilan pouvez-vous dresser de votre formation ?

Je n’avais pas de formation ”cinéma”. Tout ce que je connaissais venait de livres ou de mes cours de scénario. Du coup tout était nouveau, et tout m’intéressait !

J’ai personnellement adoré les cours d’analyse filmique le samedi matin. Je pense que ça vient de mon coté scénariste, mais aussi du fait de découvrir des films que je n’aurais peut être pas vu par moi même.

Par contre, pour moi, le plus important c’était la pratique. Participer aux tournages de chaque élève a été le plus enrichissant et le plus révélateur

On a beaucoup à apprendre de façon théorique, mais le cinéma c’est un métier qui s’apprend en se faisant ; il faut faire ses classes, à l’école, mais surtout sur des plateaux, sur toutes sortes de plateaux.

Quels sont les stages que vous avez effectué durant le CLCF ?

J’ai eu la chance de faire plusieurs stages, et la chose essentielle que j’en ait retiré, c’est que j’aime le plateau.

J’ai fait de la production pendant 2 mois, et il faut en faire pour savoir de quoi il s’agit, comment cela fonctionne,  mais définitivement c’est le plateau qui me motive, c’est là que se construit le film, c’est ce que j’aime vivre ! 

Quel a été votre parcours après le CLCF ?

Chaotique. Je pense qu’un jour j’en tirerais une histoire…

Peut être était-ce dû à mon âge, et donc à ma façon de voir le monde différemment de quand j’avais 20 ans, mais j’ai trouvé l’entrée dans ce ”monde” vraiment difficile, et parfois violent.

Il n’y a pas de sécurité de l’emploi, et donc de revenus. Il y a beaucoup de concurrence,  les productions ne jouent pas toujours le jeu des heures d’intermittents… 

J’ai fait des clips, des courts, des longs métrages auto-produits…
En gros j’ai pris tout ce qui se présentait pour à la fois continuer à apprendre, à étoffer mon expérience, et pour me faire un réseau, un carnet d’adresses.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui je vis à Casablanca au Maroc, et je suis scénariste.

En quittant la France en 2011 j’ai pris un nouveau risque, mais j’ai eu beaucoup plus d’opportunités ; en 5 ans j’ai écrit 5 courts-métrages qui ont vu le jour (« L'esclave du mâl(e) », « Frère II Sang » et « Iridis », de Mohcine Nadifi, « Ferraille » de Karima Guennouni), ainsi que 3 longs-métrages (« Chaïbia » et « La Marche Verte », de Youssef Britel, et « Achoura » de Talal Selhami). Je ne pense pas que j’aurais eu cette chance en France, en tout cas pas aussi vite.

Il m’arrive encore de faire du plateau, soit pour rendre service sur des projets d’amis, soit parce que l’opportunité d’un long métrage qui m’intéresse se présente.
J’ai eu la chance de pouvoir me faire engager comme assistant de production sur "Mission Impossible" (porteur d’eau, faiseur d’ombre, blocage plateau, scotcheur de story board) parce que je connaissais l’équipe mise en scène et que je voulais absolument participer à ce genre d’aventure.

Je fais aussi un peu de figuration quand une belle occasion se présente ; voir travailler des gens comme Vigo Mortensen, Reda Kateb ou d’autres est une chance que je tente de saisir quand je le peux.

En quoi le CLCF vous a-t-il préparé à la vie professionnelle ?

Les stages et les applications pratiques, à savoir les tournages de chacun des élèves, c’est comme ça que je résumerais le cinéma : le passage à la pratique !

Par exemple avoir été assistant réalisateur m’a obligé à changer en tant que scénariste ; ça m’a fait énormément évoluer dans mon écriture. Le fait de connaître la réalité d’un plateau, et pas uniquement de ce que coûte une séquence ou une journée de tournage, est quelque chose de très important pour moi aujourd’hui.

J’adapte mes idées en fonction d’un temps de tournage figé, en fonction d’un budget, des spécificités d’un décors, et encore plus souvent d’un imprévu…

Si vous deviez revenir au CLCF que voudriez-vous retrouver ?

J’aime beaucoup le coté troupe dans un tournage. Je pense que c’est ça que j’aimerais retrouver au CLCF. 

Peut être autour d’un projet commun ; que tous les courts métrages de chaque élève soient finalement reliés entre eux, pour que tous se sentent impliqués de la même façon sur chacun des courts, car ils font partis d’un tout…

Quels souvenirs gardez-vous du CLCF ?

Plein, mais un en particulier m’a marqué.

Comme je n’avais pas de cursus en cinéma lors de mes études ”d’avant”, il fallait que je passe un examen pour voir mon niveau en ”cinéma”, pour intégrer la 3è année directement (car mon fongécif était sur un an). Je me suis donc retrouvé seul, fin juin-début juillet, dans une salle de classe, à passer un examen de 4h, face à Monsieur Benichou. J’avais potassé tous les livres que j’avais pu trouver pendant un mois, et là je jouais mon rêve de changer de vie.

En fait c’est ce coté familial, proche des élèves et bienveillant que j’ai le plus apprécié au CLCF. Car oui, sans l’accueil et la bienveillance de Monsieur Benichou, je n’aurais peut être pas réussi ce test, ni même le reste de l’année scolaire.

Quels conseils donneriez-vous à un futur étudiant du CLCF ?

Profite de tes années au CLCF pour apprendre, pour expérimenter, pour échanger.

Il faut profiter de l’expérience des professeurs, il ne faut pas hésiter à poser des questions maintenant ; ce métier est dur et ingrat, et l’occasion d’apprendre de gens disponibles, qui ont vécus et/ou qui vivent toujours de ce métier est une grande chance.

Et surtout sois passionné !!