Jayro Buxtamante, reçoit le prix Alfred Bauer

Ancien de l’école de cinéma CLCF, le cinéaste guatémaltèque Jayro Buxtamante a reçu en février 2015, à la prestigieuse Berlinale, le prix Alfred Bauer qui récompense les œuvres montrant une vision cinématographique originale et novatrice, avant de se voir couronné du Prix du Public et du Prix Découverte au festival CineLatino de Toulouse pour son premier long métrage, IXCANUL; le « volcan », en langue maya.

Jayro Bustamante

Né en 1977 au Guatemala dans un pays plongé dans une guerre civile meurtrière qui décima la population maya, Jayro Buxtamante se voit très jeune dans la peau d’un réalisateur. Ses études en communication achevées, il franchit l’Atlantique pour compléter sa formation. L’école de cinéma CLCF lui ouvre ses portes. Etudiant brillant, sérieux, doté d’une volonté sans faille, Jayro cumule études, emplois alimentaires et projets personnels tout en obtenant une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à Rome en master d’écriture de scénario au Centre Expérimental du Cinéma.

 

IXCANUL est la preuve par l’exemple que le cinéma est fait d’aventures personnelles de longue haleine qui exigent patience et ténacité de ceux qui s’y consacrent. C’est en 2009 que Jayro Buxtamante fait connaissance, par l’entremise de sa mère, médecin engagée auprès des populations mayas, de Maria dont IXCANUL raconte l’histoire. Population isolée, traumatisée par une guérilla qui s’est acharnée à les réduire au silence, le peuple Maya se méfie d’une civilisation qui a réduit leur territoire à la portion congrue et décimé ses rangs. Il était déjà exceptionnel que Maria se confie à une femme de la ville, médecin de surcroît et plus exceptionnel encore qu’elle accepte de voir son histoire adaptée pour le cinéma.

C’est avec un respect immense que Jayro Buxtamante fait lire le premier jet de son histoire à celle qui l’a inspirée. Réticente, cette dernière pose au jeune réalisateur trois conditions : ne pas apparaître dans le film, que son vrai nom ne soit pas mentionné et enfin qu’elle ne voit jamais le film terminé.

Avec humilité Jayro acceptera de laisser de côté son scénario durant quatre ans, le temps pour lui de parfaire l’écriture de cette histoire poignante d’une jeune femme accusée d’avoir vendu son bébé, en réalité volé par le contremaître qui la convoitait. Il le reprendra en  avril 2013 : de commission en atelier d’écriture, Jayro Buxtamante défend son projet devant des gens totalement ignorants des réalités guatémaltèques. Les critiques et les commentaires qu’il recevra lui permettront cependant d’accélérer la réécriture de son projet et d’en améliorer la forme.

En juin, tout s’accélère : Jayro part au Guatemala pour faire des repérages et commencer à travailler avec la communauté Kakchiquel dont est issue Maria. Profitant de circonstances économiques particulières (le café est atteint par une maladie, la « roya », qui prive la communauté maya de travail), Jayro décide d’accélérer la mise en œuvre du tournage d’IXCANUL. Il contracte un prêt personnel pour pouvoir tourner, contacte son équipe technique (constituée en grande partie de techniciens rencontrés en France, durant ses études au Conservatoire Libre du Cinéma Français) qui accepte avec joie de suivre ce passionné dans l’ancienne plantation de sa famille, sise auprès d’un volcan en activité et coupée de tout et organise un casting sauvage auprès des populations locales.

Lors d’un premier voyage, Jayro Buxtamante avait organisé des ateliers avec des femmes indiennes, avec l’aide d’une travailleuse sociale. Cela lui avait permis non seulement d’approfondir son scénario mais encore de rencontrer certains des acteurs, parfois amateurs, de son film. María Telón, qui joue la mère, est repérée dans une troupe de théâtre maya très impliquée dans la vie militante et culturelle de sa communauté. Impressionné par sa force et par son énergie, Jayro sait très tôt qu’il en fera un des membres essentiels de son casting. Quant à la jeune Maria Mercedes Coroy, qui tient le rôle principal, elle s’impose à lui comme une évidence peu de temps avant le début du tournage.

La suite, elle, ne cesse de s’écrire : de Toulouse à Berlin en passant par Erevan, IXCANUL est accueilli par les critiques comme une œuvre intense, émouvante, à la richesse formelle indéniable.

Avec IXCANUL, Jayro Buxtamante prouve que tout est possible à celui qui se consacre corps, cœur et âme à sa passion.

Nous souhaitons longue et belle route à notre ancien élève de section réalisation !