Entretien avec Xavier Fréquant - producteur délégué et directeur de production chez Screen Addict Production

Quand Xavier Fréquant entre à l'école de cinéma CLCF, il y a à peu près 20 ans, pour suivre un cursus d’assistant réalisateur, il ne se doute pas une seule seconde qu’un stage va changer sa vie ! Il découvre un métier méconnu à l’époque qui change son destin : la production !

Bonjour Xavier, comment avez- vous découvert le métier de directeur de production ?

Tout à fait par hasard ! En fin d’études, je devais réaliser un stage et j’ai eu le choix entre un stage d’assistant réalisation et un stage dans le secteur de la production. Le second me paraissant plus intéressant que le premier, je l’ai choisi et j’ai découvert un métier que je ne connaissais pas. En effet, il y a 20 ans, on n’enseignait pas la production. On apprenait sur le tas. C’est d’ailleurs ainsi que je me suis formé… Mais ça, c’était il y a 20 ans et les choses ont bien changé aujourd’hui !

 

Vous vous destiniez à une carrière de réalisateur. Qu’est-ce qui vous attiré dans le métier de directeur de production ?

On touche à tout ! Tout ! En tant que directeur de production, mais surtout en tant que producteur délégué je suis présent à toutes les étapes de la fabrication du film : création, technique, aspects financiers, marketing ! Un film, c’est une machine de guerre et le producteur met sa polyvalence au service du film !

 

Vous avez produit du documentaire et de la fiction : quelle différence y a-t-il entre ces deux aspects du métier ?

Dans mon cas particulier, une énorme différence ! J’ai produit du docu pour la télé avec une logique de flux. La télé, c’est un média exigeant : il faut connaître les politiques éditoriales des chaînes et savoir répondre à leur demande. En revanche, quand je produis des courts-métrages de fiction, j’ai une liberté créative totale… à condition de réussir à réunir le budget nécessaire ! J’ai fini par me consacrer à la fiction car, d’une part, j’y avais plus de satisfactions artistiques et d’autre part, le rythme y était plus lent et plus intense en même temps ce qui rendait difficile de jongler entre l’un et l’autre.

 

Vous portez plusieurs casquettes : producteur délégué et directeur de production. Pouvez-vous nous expliquer la différence entre ces aspects du métier ?

Le producteur délégué est responsable du film, des prémisses de sa création à sa diffusion. Il porte le projet du film, choisit les projets, les auteurs, s’occupe aussi bien des aspects artistiques que techniques et logistiques du film. Le directeur de production, lui, est un salarié du précédent. Il est responsable du tournage. Ses missions sont consacrées à son bon déroulement tant technique que matériel ou financier : devis, gestion, ressources humaines sont quelques-unes de ses tâches. 

 

A quoi ressemblent vos journées ?

Elles sont très occupées (rires) ! J’ai intérêt à être très organisé car une journée de producteur, c’est une journée passée à régler des problèmes. Des autorisations de tournage aux négociations avec les fournisseurs, mon rôle tourne autour de la résolution de problèmes complexes auxquels il faut trouver des solutions rapides et efficaces. Et le soir, une fois la journée de tournage achevée, je dois anticiper les problèmes du lendemain ! (re-rires)

 

Quelles sont les qualités nécessaires à un bon directeur de production ?

Comme je viens de vous le dire, la première qualité d’un bon directeur de production, c’est la rigueur et le sens de l’organisation. J’en ajouterais une autre, pour moi essentielle : être zen ! Un grand nerveux ne fera pas long feu dans ce métier ! (rires). Et puis, il faut être à l’écoute de ses collègues, des besoins de tous sur le tournage : un bon directeur de production doit avoir un bagage technique important et connaître au maximum le métier de ses collègues ! ça, c’est pour le directeur de production. En tant que producteur délégué, je pense qu’un sens artistique aiguisé est indispensable. Il faut de la curiosité et de la psychologie pour pouvoir gérer les égos et les faire coïncider avec les réalités financières !

 

Vous enseignez la production à l’école de cinéma CLCF, qu’attendez-vous de vos étudiants ?

On sent très vite qui a la fibre ou qui ne l’a pas pour ce métier. J’attends d’eux rigueur, attention, sens de l’organisation et curiosité. Un futur producteur doit se fabriquer un bagage culturel le plus complet possible sans rien omettre. Télé, cinéma, fiction, documentaire, festivals… tout est bon pour nourrir sa culture ! Comment être un bon producteur sans ça ? C’est impératif !

 

Quel aspect de votre métier préférez-vous ?

La post-production ! En tant que producteur délégué, j’ai la chance d’y participer. C’est là que tout le puzzle s’assemble. Le plateau, c’est le temps du metteur en scène. En post-prod, j’ai un rôle artistique à jouer. Je suis souvent le premier à voir le film monté. Et là, il arrive qu’on me demande mon avis et qu’une collaboration artistique s’installe.

 

Quel est votre plus beau souvenir professionnel ?

La raison de l’autre de Foued Mansour. Une aventure magique de bout en bout. Un bel auteur, une super équipe, un merveilleux casting, tout se met en place avec une facilité déconcertante, le tournage, en pellicule, est un vrai bonheur. Le film est monté, projeté. Il cartonne. Fait le tour du monde de festival en festival et un matin, je reçois un coup de fi : nous sommes nommés au César 2010 dans la catégorie Meilleur Court-Métrage. C’est le côté magique de ce métier. Tout peut arriver. Tout. Un écran géant branché sur un groupe électrogène en pleine forêt amazonienne, des rencontres extraordinaires, des aventures de toutes sortes. Ce métier est épuisant mais c’est un métier magique à condition d’avoir la foi et la passion !

Nous terminerons par cette phrase, Xavier, en vous remerciant de la passion que vous avez mis à répondre aux questions de l’école de cinéma CLCF !