Le documentaire de Pascale Serra, promo 2006, sélectionné au Festival Panafricain de Cannes

« BÊAFRÎKA », le documentaire de Pascale Serra-Nga Gni Vueto, diplômée de la formation Assistant réalisation du CLCF en 2006, sera diffusé le 2 mai prochain dans le cadre de la Sélection Officielle du Festival International du Film Panafricain à Cannes.

Le Festival International du Film PanAfricain de Cannes et son salon sont une plateforme d’exposition du Cinéma et de ses métiers, des Arts et des savoirs-faire, mais également de l’Innovation, de la Culture (la musique, la photo, la beauté, l'esthétique, la mode, le livre...) et de l’Événementiel.

Pascale Serra-Nga Gnii Vueto a été diplômée de la formation Assistant réalisation de l'école de cinéma CLCF en 2006.

Son documentaire « BÊAFRÎKA » a déjà reçu le Prix du Jury au Festival des premiers films de Guinée Conakry en février dernier. Il a également été sélectionné au Festival International du Cinéma et de l'Audiovisuel du Burundi (du 24 au 30 avril 2015) et au donc Festival Panafricain de Cannes (du 29 avril au 3 mai).

Comment est né ce documentaire « Bêafrîka »  ?

En lisant le livre "Les Désorientés" de l'écrivain Amin Maalouf, je suis tombée sur un passage qui m'a interpellée. Ce passage citait John Kennedy "Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande-toi ce que tu peux faire pour ton pays". Puis Amin Maalouf de reprendre en disant: "Mais lorsque, dans ton pays, tu ne peux ni travailler, ni te soigner, ni te loger, ni t'instruire, ni voter librement, ni exprimer ton opinion, ni même circuler dans les rues à ta guise, que vaut l'adage de John F. Kennedy ?"

Etant moi même une personne qui vit loin de son pays, qui est la République Centrafricaine, je me suis sentie concernée par ce passage et j'ai eu envie d'avoir l'avis de mes compatriotes sur cette question. 
Très souvent, on se retrouve face à ces interrogations, voire tous les jours. J'ai donc contacté des personnes issues de la diaspora centrafricaine et je me suis également rendue en République Centrafricaine pour avoir le ressenti de la population locale sur ces questions. 
Mais ce documentaire "Bêafrîka", qui signifie la Centrafrique en langue nationale Sangö, est surtout une forme d'hommage à mon pays. 
Malheureusement, depuis plusieurs années, la République Centrafricaine traverse une crise et est connu pour être un pays instable. On en parle dans les médias que lorsqu'il y a des guerres, des violences... J'entends souvent parler de la Centrafrique "misérable, quémandeuse, victime... etc".. Mais par ce documentaire, je voulais également montrer que ce pays n'est pas qu'un ramassis de choses négatives. Il renferme aussi des héros qui se battent pour survivre, des personnes qui gardent le sourire, des jeunes qui ont des projets et qui réalisent de belles choses, de personnes qui aiment leur pays et qui travaillent dur pour sa reconstruction. 

J'ai lu une phrase du réalisateur Jean-Pierre Duret qui est pour moi, une belle définition de la réalisation d'un documentaire "Filmer, c'est prendre soin de l'autre". C'est je pense, cette forme d'hommage que Bêafrîka a voulu faire en donnant la parole à ceux dont on ne parle (presque) jamais.

Comment s’est déroulé la réalisation de ce documentaire ?

En France je n'ai pas rencontré de problèmes majeurs. Les scènes ont été faciles à réaliser que ce soit dans le métro ou dans la rue. Très souvent, les interviews se réalisaient à huis clos, dans des appartements et des jardins. J'ai travaillé avec un Canon 5D de Markiii. Un appareil que je découvre encore, et qui fait des merveilles.

En revanche, en République Centrafricaine, il n'était pas évident de tourner tous les jours pour des questions de sécurité. Certains jours il y avait des tensions dans la ville... certaines personnes ne supportaient pas de voir une caméra et se demandaient où partaient ensuite les images. Je me suis fais assister par un cadreur, Marcelin Gbodo. Grâce à lui, nous avons pu aller dans certaines zones où je n'aurai pas pu aller toute seule. On était une équipe très rétreinte, pour ne pas attirer l'attention. 
En fait, je dirai ceci : lors du tournage en France j'ai surtout appris sur le plan technique, et lors du tournage en République Centrafricaine, j'ai surtout appris sur le plan "humain" "social"... Les approches sont très différentes. 

Dans un pays fragilisé, il y a d'abord selon moi, tout un climat de confiance à instaurer, une certaine pudeur à avoir, une réflexion à faire avant de poser sa caméra... Je n'étais pas dans une optique de rechercher la vue du sang, des images choquantes... Je voulais des personnes "vraies" et libres de s'exprimer. J'ai rencontré des personnes dignes malgré leur condition de vie. Rien n'a été imposé, ni mis en scène. Cette réalisation est en fait le fruit d'une vaste collaboration je dirai...

Quel a été votre sentiment lorsque vous avez appris votre sélection au Festival International du Film Panafricain à Cannes ?

Beaucoup de joie... Le fait déjà d'avoir été sélectionné est pour moi une belle récompense car l'un de mes objectifs est qu'un large public puisse découvrir une autre facette de mon pays.
Et dans le fond, je pense que le sujet du film ne concerne pas que les Centrafricains, mais aussi toutes les diasporas. Alors qu'il soit diffusé lors d'un Festival du Film Panafricain, je pense que c'est aussi poser ces questions à toutes les diasporas qui seront présentes lors de ce festival. Je suis très contente.

Bêafrîka a obtenu le Prix du Jury lors du Festival des Premiers Films en Guinée-Conakry et est actuellement en compétition Internationale au FESTICAB au Burundi. 

Je suis vraiment très contente et je veux croire que c'est le début de la réalisation de plusieurs projets. 

Pascale a également appris la sélection de son futur long métrage « De Kigali à Bangui » pour les rencontres auteurs-producteurs pour le Pavillon des Scénaristes au Festival de Cannes 2015.

Découvrez le portrait de Pascale Serra-Nga Gnii Vueto