Un film, une critique : LUCTO

Durant 2 année Clémentine a appris le cinéma, l'envers du décor ! Elle a participé à de nombreux films durant sa formation mais en dernière année de spécialisation Assistant réalisation, elle a réalisé SON film.

Joachim Lepastier, critique cinéma pour le magazine Les cahiers du cinéma livre son retour sur LUCTO, réalisé par Clem Smajda.
Résumé : En plusieurs tableaux, une jeune fille se remémore les figures de l’adversité de sa vie passée (prof, ex-conjoint, rivale) contre lesquelles elle a choisi de se battre. 
 
Critique : Le film tire sa singularité de son écriture frontale, à tous les sens du terme : un propos sans doute sincère et personnel, une composition en tableaux minimalistes avec des personnages émergeant d’un fond noir et s’adressant face caméra. Tout cela dégage une certaine force et une évidente netteté de propos, mais il y a aussi un petit manque de distance – voire un aspect « règlement de comptes » - qui rend l’ensemble un peu hargneux voire agressif. C’est un film que le spectateur se prend en pleine face et qu’il peut aussi faire le bilan des qualités et des manques du film. Au niveau des qualités, on notera la rigueur et le rythme du projet et au niveau des manques, le manque de subtilité des figures « ennemies » souvent caricaturales. Un certain manichéisme guette, mais le film l’esquive par l’implication de son actrice principale. Le meilleur moment du film reste la succession de portraits de l’héroïne figurée dans différents costumes et différentes attitudes. Là, dans cette simple succession où le personnage est « ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » apparaissentenfin de la nuance et de la sensibilité. Malgré sa netteté, le film reste tout de même un peu « en dedans » de son potentiel. Car la voix-off évoque plusieurs fois l’arrivée d’une lumière et l’espérance d’une sortie du tunnel, mais sans réellement les concrétiser visuellement. Le film reste souvent dans le noir, même s’il le teinte de quelques apparitions. On aurait aimé qu’il trouve enfin sa lumière pour que son personnage principal laisse réellement derrière elle ses spectres du passé. Plus simplement, on aurait aimé une conclusion peut-être plus légère qui aurait donné un vrai envol au film et à l’urgence du récit. Pour l’instant, ces figures cauchemardesques lestent encore un peu lourdement un film, dont la grande qualité est d’être habité par la présence et l’investissement de son actrice principale.